Mes chers lecteurs,
Me voici de retour de mon premier Championnat du Monde Ironman avec quelques aventures à vous raconter ! Je suis arrivé sur place trois semaines avant l’épreuve et logeais sur Ali’i Drive, la rue mythique sur laquelle débute le marathon. Lors de ma dernière séance de natation avant le départ depuis Nice j’avais reçu les conseils expérimentés d’Yves Cordier et Eric Ridez. Et une fois sur place leurs mots ont rapidement résonné dans mon esprit : ne pas « faire la course avant la course »… Et c’est difficile ici ! Je n’ai jamais été autant doublé à l’entraînement, parfois 3 ou 4 fois par séance, sans doute autant qu’en un an par ailleurs. Dans ce contexte, facile de se brûler les ailes mais j’ai laissé mon ego de côté. A l’entraînement je veux bien, mais en compétition c’est autre chose… C’est dans cet état d’esprit que j’ai profité de l’Ho’ala swim, le parcours natation de l’Ironman sous forme de compétition d’eau libre 7 jours avant l’Ironman afin de réaliser une bonne séance aquatique. J’y termine 14ème en 50’31 ». Une bonne séance comme prévu mais je lisais déjà que je manquerai le 1er pack sur l’Ironman… L’exposition médiatique est forte ici ! Globalement les dernières sessions dans les trois disciplines ont été de bonne qualité. Le décompte des dernières d’entre elles me faisait réaliser la « chance » d’arriver à la compétition en forme et sans accident, maladie ou autre blessure. J’avoue d’ailleurs avoir ressenti une forme de gratitude une fois la dernière séance passée la veille de la course. Il ne restait « plus qu’à »…
Samedi 13 Octobre, 6h35. Coup de canon sur le Pier. Malgré de multiples analyses vidéos du départ des précédentes éditions, il m’arrive exactement ce que je cherchais à éviter : un paddle board me cogne et m’oblige à le contourner une fois la course lancée. Hormis cet incident pendant lequel je perds une longueur sur la plupart de mes adversaires, difficile de faire plus simple et sans évènement que cette natation. Je me retrouve au bout de 50 ou 100m en 4ème position bien au chaud derrière Amberger/Chevrot/Clavel et y resterai jusqu’à 100 ou 200m de la sortie, moment auquel je suis doublé sans résister par O’Donnell et Gomez Noya. La journée ne fait que commencer et je sors donc 6ème des eaux turquoises du Pacifique en 47’49 ».
Une fois sur mon P5 l’aller-retour sur Kuakini me permet de constater que de nombreux adversaires auront une première belle cartouche à laisser pour revenir à l’avant. L’Ironman est un sport de patience et je décide de rester à l’arrière tout en étant attentif aux opportunités. La première arrive assez vite avec le passage de Starykowickz vers le 20ème km. Je la saisis et pars avec lui puis le relaye rapidement. Lorsque je dis « relaye », il faut comprendre qu’ici la règle des 12m est très facile à respecter grâce aux réflecteurs sur le bord de la route. Cependant, l’enchaînement de « toboggans » conduit à devoir freiner au pied des montées et à sprinter au sommet afin de maintenir exactement cet écart. Mon duo avec Starykowickz devient rapidement un quatuor avec le retour d’Amberger et Wurf. Cette situation d’échappée me paraît royale si elle peut persister jusqu’au bout des 180km ! J’avais décidé avec mon entraîneur Nicolas Hemet de rouler sans affichage de puissance ni de fréquence cardiaque et de ne me fier qu’à mon niveau d’effort perçu. Sur cette base, je ressens au bout d’un peu plus de 50km que le rythme est un peu trop rapide et décide de ralentir avant d’y laisser trop d’énergie. Avec plus de 2 minutes d’avance sur les poursuivants j’ai le temps de récupérer puis de raccrocher un groupe de 9 unités au pied de la montée vers Hawi. La suite du parcours sera effectuée à un rythme relativement régulier sous l’impulsion de Dreitz (j’ai appris/compris après la course que ce dernier avait couru en bon domestique pour Lange… No further comment) mais notre groupe grossira malheureusement par l’arrière avec quelques retours de moins bons nageurs. Je termine cette partie en 4h18m53s (41,7km/h de moyenne).
Ma position pour attaquer le marathon était plutôt bonne puisque la quasi-totalité des athlètes ayant terminé dans le Top10 étaient avec moi sous la tente de la seconde transition. J’ai couru le premier 10km sur Ali’i Drive en contrôle en naviguant autour de la 9ème place. Prêt à fournir mon effort et à portée des athlètes devant moi, j’espérais le meilleur. Hélas, le beau plan a déraillé et je me suis progressivement sorti de la course suite à quelques soucis digestifs. Le second semi-marathon n’a été que pour l’honneur de terminer et ne pas marcher. J’arrivais pourtant confiant sur ma capacité à courir un chrono autour de 2h45 en conditions hawaïennes avec un vélo qui aurait pu être nettement plus rapide que cela d’après mes indicateurs. Facile à écrire, j’en conviens, mais je consacrerai la prochaine édition à le prouver. L’équation de la performance sur Ironman n’est décidément pas simple et je vais réviser ma copie, soyez-en sûrs !
La suite ? Vu ma forme et le nouveau principe de qualification par slot qui remplace l’ancien KPR, mon prochain objectif est l’Ironman Arizona dans 4 semaines. Une place dans les 2 premiers (voire 3 selon le nombre d’athlètes pro féminines au départ) sera synonyme de qualification pour Kona 2019. Ce sera aussi l’occasion de retrouver nos amis Kim et Dave en Utah pour la préparation et de réviser le parcours du 70.3 St George !
A très vite,
Antony
Quel superbe récit Antony 👌🏻
Dorénavant tu connais Kona,et je n’ai aucuns doutes que l’année prochaine LE TIGRE rugira toujours plus fort 😉!
Bonjour Antony,
Bravo pour ta course, même si elle ne s’est pas terminée comme tu l’espérais, et également merci pour ce résumé.
Au plaisir de se retrouver sur une course.
Bravo Anthony !
A fond en Arizona pour assurer la qualification…et mettre en pratique des dispositions pour remédier aux soucis gastriques.
En tout cas pour une première on t’as vu aux avant poste, encore félicitations !
Merci pour ce récit palpitant Anthony.Bonne continuation.
Bravo encore. Beaucoup d´enseignements pour une premiere participation, c´est le principal. De nombreux participants Pro ou AG se sont plaints de problemes gastriques. Quelle etait la marque de la boisson proposee ? En as-tu pris et si oui avais tu pu la tester avant la course.
Bonne prepa pour l´Arizona !
Super Anthony
Toujours un plaisr de te lire. J’avais eu le plaisir de te croiser à Barcelone sur ton incroyable machine. Et oui, sur Ironman, rien n’est prévisible. Bon courage pour la suite, tu sors grandi de cette première édition de kona.
Bonjour Anthony et bravo pour votre course/recit.
J’aurais une question au sujet d’Andreas Dreitz, qui apparemment aurait collabore avec Lange: je me demandais sous quelle forme cela s’est manifeste.
Et dans le cas ou cela s’est effectue dans le respect des regles de course, qu’est-ce qui vous gene dans la demarche? (je crois percevoir de la « gene » en lisant vos lignes, peut-etre que je fais fausse route).
Merci d’avance, et bonne continuation.
Regis