El Tigre de Monterrey

Chers lecteurs,

J’ai écrit ces lignes dans l’avion Las Vegas-Zurich avant mon retour en France marquant la fin de mon périple américain de 3 semaines. Ce dernier a été fructueux et j’en rapporte ce qui était visé : de précieux points au Kona Pro Ranking ! Le Graal d’une qualification à Kona est maintenant assuré et mes 3915 points devraient me qualifier dès le premier cut de juillet. En 2016 j’étais passé très près de l’objectif grâce à mon 5ème rang mondial sur 70.3 mais mon score sur full était insuffisant… En 2017 je m’étais encore cassé les dents sur cette distance malgré de nombreuses tentatives (Taïwan, Malaisie, Texas, Klagenfurt…) et étais passé plus loin du compte. Après ces deux échecs, le « slot » maintenant acquis est d’autant plus savoureux ! C’est une étape importante dans ma carrière.

 

Revenons ensemble sur les deux dernières compétitions :

70.3 St George (Utah, USA) :

Un classement dans le Top 8 m’assurant en théorie une qualification à Kona, j’ai couru dans une situation qui ne m’est pas confortable en ayant à assurer un résultat « correct » sans la prise de risque nécessaire à une performance de plus haut-niveau. La partie natation dans le réservoir de Sand Hollow s’est déroulée sans encombre et j’en sors 3ème à 10 secondes de Sam Appleton en tête. Sur un circuit vélo que j’adore pour sa difficulté/sécurité/beauté et pour les faibles possibilités de drafting, j’ai géré mon effort en restant second jusqu’au 33ème km. J’ai été repris à ce moment par le duo devenu habituel entre Lionel Sanders et Sebastian Kienle. Je resterai avec eux jusqu’au 58ème km avant de les laisser partir le cœur lourd, mais les pattes pas encore carbonisées… Autour du 70ème km il me semblait avoir crevé de la roue arrière et je n’en aurai la confirmation qu’en récupérant mon vélo au parc avec 2-3 bars après la course… Le liquide préventif m’a sauvé !

La course à pied n’a pas démarré pour le mieux non plus avec un arrêt aux toilettes dès le 2ème km. A la faveur de ma prudence du début de course, j’ai toutefois pu terminer de manière plus solide et valider mon objectif initial avec une 6ème place. Cette épreuve reste une de mes préférées et fait partie des plus relevées et mythiques du circuit. J’y reviendrai pour faire mieux. L’accueil par nos amis et hôtes Kim et Dave a une nouvelle fois été royal, un immense merci à eux !

70.3 Monterrey (Mexique) :

Libéré de toute pression pour la qualification à Kona, mon approche a été nettement différente de celle à St George. J’ai pu mettre en pratique ce qui avait été travaillé cet hiver et la journée a été (presque !) facile du début à la fin. La journée a quand même commencé avec un petit stress matinal en retrouvant ma roue arrière crevée dans le parc sans rien pour la réparer… Sorti dans le pack de 7 en tête de l’eau, un petit souci avec la paille de mon système d’hydratation que je devais tenir sur les 2km de secteur pavé au début de chaque tour pour ne pas la perdre m’a contraint à un retour sur la tête plus tardif qu’espéré. Andrew Starykowickz était l’homme à surveiller du fait de son récent chrono vélo de 3h55 sur les 177km de l’Ironman Texas (45,1km/h de moyenne). Cependant il n’avait pas eu le temps de s’envoler. J’ai pu mener jusqu’au 45ème km un petit groupe dont il faisait partie avec Tim O’Donnell. Second secteur pavé, même problème de paille et c’est le moment que choisit Starykowickz pour attaquer. Je sais à ce moment-là qu’il ne pourra creuser un écart suffisant et je me méfie surtout à ce stade de Tim O’Donnell. Après une partie vélo de 88,7km en 1h57m46 (45,2km/h de moyenne), je quitterai la seconde transition avec TO pour un semi-marathon chaud et humide. Je reprendrai Starky au 15ème km à pied (vous comprendrez pourquoi il est « à surveiller » : son second tour de 45km aura été réalisé à environ 48,5km/h de moyenne sur un circuit qui n’était même pas parfaitement plat avec 300m de D+ !) et j’ai pu ensuite savourer la victoire. C’est ma 6ème sur le circuit Ironman après mes 2 sur le 5150 Marseille, 2 sur le 70.3 Corée du Sud et ma plus récente sur l’IM de Barcelone.

Je reçois régulièrement la question de ce qui a changé ou de ce que j’ai modifié pour continuer à progresser. Une première réponse évidente me semble être mon passage à 100% professionnel en Juin 2016 suite à la soutenance de mon Doctorat. Toutefois la seconde me paraît plus subtile. Pour un ensemble de raisons que j’attribue en partie à l’expérience, pour une autre part à la rencontre de personnes significatives et enfin par l’ouverture qu’a permis le morceau de ma vie en Thaïlande, mon regard sur le monde a progressivement changé. L’avant était pour moi une guerre continue pour être le meilleur, au prix notamment de la critique et du rejet de(s) (beaucoup d’) autres et en particulier de mes adversaires. L’évolution vers l’actuel m’a appris la bonté et l’empathie tout en m’aidant à comprendre le rôle que je pouvais avoir en tant qu’athlète professionnel. Mon combat est devenu le suivant : prouver, en particulier aux jeunes, que l’on peut atteindre le plus haut-niveau au monde sans tricherie ni dopage.

 

Merci pour votre lecture et à très vite !

 

Antony

 

Prochaine compétition : Challenge « The Championship » (Samorin, Slovaquie) le 3 juin.

2 Commentaires sur “El Tigre de Monterrey

  1. coolen says:

    Bonjour Le Tigre,
    Un grand bravo pour tes perfs et ta philosophie de vie !
    Je te souhaite la meilleure prépa possible pour un aboutissement à Hawaï…
    Sinon à la vue de tes crevaisons, tu roules avec quoi pneu ou boyau ?
    Quand tu gères à vélo, tu fais cela à l’instinct, aux puls, aux Watts, ou un mix des trois ?
    Et à pied idem tu te fies à une allure préétablie ou tu fais en fonction de tes concurrents quitte à exploser ?
    Dernière question, toi qui côtoie Starykowickz, il est comment dans la vie ?
    Bonne récup et continues à nous faire rêver !

    Jean-Yves Coolen.

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